Charte de la communauté Archipel
- Considérant que l’oubli des droits des peuples terrestres et du vivant, que le mépris et la marchandisation des savoirs, et l’instrumentalisation de leur production sont des causes majeures de l’intense dégradation de l’air, de l’eau, des sols, des ressources, de la biodiversité et du climat ;
- Considérant que ces graves changements globaux d’origine anthropique touchent de manière disproportionnée les communautés les plus défavorisées qui sont souvent les moins responsables de ces changements ;
- Considérant la gravité de ces changements qui ont d’ores et déjà fait disparaître de très nombreuses espèces animales et végétales de la surface terrestre et qui ont amorcé une sixième extinction ;
- Considérant la gravité de ces changements qui ont d’ores et déjà des conséquences majeures sur les sociétés humaines (inégalités, migrations, conflits armés, pénuries, pandémies, pertes de libertés publiques démocratiques et de protections sociales etc témoignant d’un effondrement en cours) ;
- Considérant que les structures actuelles de la recherche et des gouvernements ne sont pas adaptées pour faire face à ces enjeux systémiques ;
- Considérant que l’origine de ces changements sont les modes de vie occidentaux, les modèles économiques et financiers dominants, et des formes de gouvernance corruptrices des principes démocratiques ;
Nous, membres d’Archipel, avons résolu d’exposer dans une charte les principes qui doivent nous réunir en reliant communautés scientifiques et citoyen·nes pour répondre de cette situation.
Article 1 : La dégradation des capacités du système “Terre”, humains et non humains, alerte la communauté scientifique francophone et conduit à faire émerger des espaces ouverts à la société civile qui travaillent à soutenir la vie et les sociétés humaines. La communauté Archipel est l’un de ces espaces.
Article 2 : La communauté Archipel est transdisciplinaire et inclusive. Elle appréhende de manière systémique la situation critique qui est la nôtre, englobant à la fois les aspects écologiques, socio-économiques et politiques.
Article 3 : La communauté Archipel a vocation à fournir des savoirs scientifiques et vivants permettant une action efficiente pour transformer les manières de chercher, de vivre et d’habiter la Terre.
Article 4 : Ces transformations sont guidées par le bien commun, des valeurs d’égalité, de justice sociale et d’équité environnementale pour les humains et non humains. Nul ne devra être laissé de côté.
Article 5 : Ces savoirs sont conçus avec la société civile en vue de leur appropriation par le grand public et afin qu’émergent des implémentations concrètes. La communauté s’efforcera d’adopter des méthodes de travail permettant à toutes les personnes, en particulier les plus discriminées, d’apporter leurs expériences et leurs savoirs.
Article 6 : Archipel reconnaît la non neutralité de la science et la dimension intrinsèquement politique de ces enjeux qui nécessitent donc d’être explicités, discutés et critiqués.
Article 7 : La communauté Archipel souhaite faire face d’une manière réellement systémique aux risques de déclin ou d’effondrement des sociétés modernes. A ce titre les concepts de croissance verte et de développement durable font écran à la gravité de la situation et aux facteurs qui en sont à l’origine.
La Charte peut évoluer en fonction des besoins.