De la pratique clinique à l’intervention publique : quels rôles pour les sciences psychologiques face aux nouvelles émotions du changement climatique ?

Mardi 21 Juin 2022, de 10h à 12h

Mots clés : changement climatique, émotions, solastalgie, éco-anxiété, psychopathologie, processus cognitif, effondrement

Intervenantes

• Aurélien Graton, enseignant-chercheur, Laboratoire LIP/PC2S, Université Savoie Mont-Blanc;
• Anne Jacob, psychologue clinicienne, doctorante, Laboratoire de Psychopathologie et Processus de Santé, Université Paris Cité;
• Hélène Jalin, psychologue clinicienne, doctorante, Laboratoire de Psychologie des Pays de la Loire, Université de Nantes;
• Zoé Lackner, doctorante, Laboratoire LIP/PC2S, Université Savoie Mont-Blanc,
• Manuela Santa Marina, psychologue clinicienne.

Animateur : Aurélien Graton, enseignant-chercheur à l’Université Savoie Mont-Blanc, membre du Laboratoire Inter-universitaire de Psychologie

Co-auteurs

• Arnaud Carré, Laboratoire LIP/PC2S, Université Savoie Mont-Blanc;
• Olivier Klein, Center for Social and Cultural Psychology, Université libre de Bruxelles, Belgique;
• Cécile Entremont, psychologue clinicienne;
• Oriane Sarrasin, Institute of Psychology, Université de Lausanne, Suisse;
• Jonathon Schuldt, Department of Communication, Cornell University, Ithaca, NY, USA.

Résumé

En février 2022, le GIEC a publié le volume 2 de son 6e rapport d’évaluation, intitulé “Changement climatique : impacts, adaptation et vulnérabilité”. Au-delà des éléments inquiétants portant sur la description et l’anticipation des événements climatiques extrêmes à venir (vagues de chaleur, inondations, sécheresses etc.), le rapport revient sur la vulnérabilité actuelle des individus face aux changements climatiques : près de 50% des Terriens vivent d’ores et déjà dans des contextes et lieux de vie hautement vulnérables au changement climatique. Cette vulnérabilité n’est pas limitée à des caractéristiques “physiques” de l’environnement. Le GIEC insiste sur les impacts psychologiques et potentiellement traumatogènes des enjeux climatiques. Le rapport s’inscrit donc dans un constat plus large et partagé par la communauté des psychologues: de plus en plus de patients sont impactés par la prise de conscience des enjeux écologiques et sont confrontés à des souffrances psychologiques parfois intenses. De nouvelles terminologies sont ainsi apparues dans le domaine émotionnel pour caractériser ce qui semblait être des affects jusqu’alors inconnus ou tout du moins mal identifiés : solastalgie, éco-anxiété ou encore « eco-grief ». Les définitions de ces émotions, leur mesure, leur prise en charge, leur spécificité même, font l’objet de débats impliquant différentes sciences sociales : psychologie sociale, psychopathologie, sciences cognitives, sociologie, psychanalyse. De cette compréhension dépend en effet leur prise en compte, tant dans le domaine de la prise en charge individuelle de type psychothérapeutique qu’au niveau politique et institutionnel. L’objectif de ce symposium est de confronter plusieurs approches complémentaires en psychologie permettant de mieux cerner les contenus réels de ces affects. Nous partirons des constats cliniques individuels pour aboutir à des propositions de recommandations publiques, en passant par des discussions portant sur la compréhension de ces manifestations et sur l’état de l’art actuel sur ces questions.